Selfie et Do-It-Yourself sont deux grandes tendances contemporaines. Si ce dernier est vu par les critiques comme une alternative salvatrice à la production de masse, le selfie ne bénéficie pas de tels éloges. Considéré comme faisant l’apologie du narcissisme et de l’individualisme, il est le symbole d’une génération abondamment critiquée. Le selfie est pourtant un autoportrait autoproduit et diffusé par son auteur, s’inscrivant ainsi dans la lignée du DIY. Esthétique pauvre et moyens réduits sont les caractéristiques communes des deux disciplines, qui semblent avoir beaucoup en commun. Toutes deux sont initiées par des amateurs et ont su conquérir de nombreux adeptes. En tant que phénomènes culturels, ils sont le reflet d’une époque où les paradoxes semblent omniprésents. La quête d’autonomie et l’individualisme côtoient le partage et l’entraide. Dans ce contexte, le selfie est-il la démonstration d’un narcissisme ou un nouveau moyen de communication ? L’autoproduction est-elle une réponse au système capitaliste ou la continuité logique de l’individualisme intrinsèque à notre société contemporaine ?